Des geekeries, de la MAO, de tout et de rien…
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Charlie

Le zglort

Icône auteur nah, Icône canondrier 18 octobre 2014, Icône commentaire
Mots clés Icône catégorie MAO, classé dans Icône catégorie Musique/MAO

Non, ceci n'est pas lié à l'histoire du Zglort, de près ou de loin (quoique).
Je vais plutôt expliquer comment j'ai produit le son que l'on peut écouter au milieu de la lecture.

Attention : cet article contient énormément de termes liés au domaine des synthétiseurs. Si vous ne comprenez rien, c'est normal. Une écoute ou réécoute de l'émission n°6 des Sondiers sur les synthétiseurs ne fera pas de mal, pour comprendre le contenu de cet article.

Note : l'article a été corrigé (confondre dry et wet… c'est grave. On va dire que c'est du au manque de sommeil.)

Remarque : le seul logiciel utilisé est Audacity (pour l'enregistrement et l'amplification des sons). Tous les sons et effets ont été produit via un synthétiseur [1].


Pour donner l'illusion d'un ordinateur générant du son, quoi de mieux que d'utiliser le Sample and Hold [2] ? En effet, le S&H permet de générer facilement des notes de manière aléatoire.

Cela donne alors ce son :


Pour l'obtenir, je suis parti d'une onde de type PW (pulse width) [3], avec un filtre coupe-haut [4] (avec une pente à -24dB/octave [5]) et un peu de résonance [6]. La modulation est faite avec le LFO [7] (Low Frequency Oscillator), assigné au "pitch" [8], réglé en mode S&H, synchronisé avec le tempo. [9]


Puis, pour donner un peu plus de relief, j'ai ajouté une seconde couche (en fait, la première, le S&H étant sur la seconde), toujours une onde de type PW, réglée de la même manière (en fait, seule la forme d'onde diffère légèrement), avec des paramètres similaire pour le filtre. Cette fois, le LFO est réglé en mode "random" (utilisation d'une forme aléatoire, changeant régulièrement), et également assigné au pitch. Ce LFO est également synchronisé avec le tempo.

Cela donne alors ce son :



J'ai donc,

  • sur la couche 1 : une onde PW, avec le LFO en mode random.
  • sur la couche 2 : une onde PW, avec le LFO en mode Sample and Hold

  • Il manque quelque chose.

    Que pourrait-on entendre sur un vaisseau spatial ? (de l'intérieur, bien entendu)… Le bruit d'un réacteur ?

    Donc, ajoutons une troisième couche.

    Partons cette fois d'un générateur de bruit blanc [10]. Jouons sur le cut-off pour obtenir un son sourd. Ajoutons une légère modulation sur le filtre. Pour faire varier le "ton" du réacteur, j'ai juste à tourner le potard "key follow", qui me permet de modifier légèrement la fréquence de coupure du filtre (comme ça, je ne touche pas au réglage du filtre en lui même).

    Cela donne alors ce son :


    Ça commence à prendre forme.


    Ajoutons un peu de "Panning Delay" [11], pour donner un léger relief stéréo, également synchronisé avec le tempo, et réglons le "Pitch Shifter" [12] de manière à avoir, un effet de "chœur" (ou chorus). Faire quand même attention au déphasage désaccordage (detune). Cela permet également de donner l'illusion qu'il y a plusieurs sons produits en même temps (pensez aux accord, de trompette par exemple [13])

    Superposons progressivement les sons (activons donc les couches une par une, ou désactivons-les), et voyons voir ce que cela donne :

    D'abord, les couches séparément :


    Random



    Sample and Hold



    Bruit blanc



    Les trois couches, activées (et additionnées) une par une, puis désactivées une par une. D'abord, sans les effets, puis avec les effets.


    Ça ne ressemble pas tout à fait à celui utilisé dans la nouvelle ? C'est normal, et ce, pour deux raisons :

    • La première : je n'ai pas joué la même note (fondamentale) entre la nouvelle et les exemples (c'est la même note pour tous les exemples).
    • La seconde : le Sample and Hold et le Random générant des oscillations complètement aléatoires, c'est impossible de reproduire exactement les mêmes sons.


    Au final :

    • sur la couche 1 : une onde PW, avec le LFO en mode random.
    • sur la couche 2 : une onde PW, avec le LFO en mode Sample and Hold
    • sur la couche 3 : un bruit blanc.

    • Bonus complètement inutile, le patch pour reproduire ce son : IA-Vaisseau.gaia [14]




      1 : Un Roland Gaia SH-01. C'est un synthé numérique ("à modélisation analogique"), clavier 3 octaves, sans écran, rempli de potards (11), de sliders (18) et de boutons qui clignotent (58). Ça fait un beau sapin de noël dans le noir.
      2 : Sample and Hold. Une méthode simple, c'est d’échantillonner du bruit blanc (sample), et de stocker cette valeur pendant un court instant (hold). Valeur aléatoire garantie :)
      3 : Une forme d'onde de base, pour produire un son type "8 bits". Cette forme d'onde peut être modulée avec le LFO (PWM).
      4 : Filtre coupe haut, ou passe bas. Aussi connu sous le nom de CUT-OFF.
      5 : Pente : il s'agit de la pente de la coupure. Un filtre de premier ordre permet d'atténuer de 6 dB par octave. Un filtre de second ordre, de 12 dB/o, etc. Plus la pente est "raide", plus la coupure est brutale (et plus le filtre coute cher, car difficile à fabriquer, si mes souvenirs des cours de Physique Appliquée sont encore bons).
      6 : Sur les premiers cut-off, il y avait un phénomène, appelé résonance. Au niveau de la fréquence de coupure, au lieu d'atténuer le son, celui-ci était légèrement amplifié sur une petite plage de fréquence. Cela fait vraiment partie des sons typiques de la synthèse soustractive. Plus de détails : http://www.soundonsound.com/sos/oct99/articles/synthsecrets.htm
      7 : Le LFO, ou Oscillateur à Basse Fréquence. C'est un générateur de fréquence (par exemple, une oscillation toutes les 3 secondes, qui est utilisé pour modifier un son dans le temps. Par exemple, pour modifier la hauteur de la note, le volume, …
      8 : Pitch. Ou la hauteur de la note. Pensez au Pitch Bend, la petite molette sur le clavier qui permet de changer la hauteur de la note :)
      9 : J'utilise le tempo pour synchroniser les deux LFO sur deux couches. Le Gaia en possédant 3 (appelé Tone). Chaque couche contient son propre LFO, son propre oscillateur, son propre filtre et amp (avec les différentes enveloppes ADSR). Les couches sont indépendantes les unes des autres, mais on peut toutefois utiliser la couche 2 en mode Synchro ou en mode Modulation en Anneaux (Ring Modulator) avec la couche 1.
      10 : Bruit blanc. Ce son caractéristique que vous obtenez sur n'importe quelle radio n'étant pas réglée sur la fréquence d'une station de radio (idem pour la télévision analogique… pas de bol, on a plus que du numérique de nos jours).
      11 : Panning delay : un effet d'écho, jouant sur la stéréo (un coup à gauche, un coup à droite. Je l'ai synchronisé avec le tempo.
      12 : Pitch shifter : cela ajoute des "notes" supplémentaires, un peu comme un chœur/chorale/chorus. On peut désaccorder aussi les notes, mais attention à la cacophonie
      13 : On est #trolldi, c'est donc permis. D'ailleurs, si vous arrivez à faire un accord avec une seule trompette, prévenez-moi.
      14 : Nécessite bien entendu un Gaia, et le logiciel gaia-tools pour le charger sur le synthétiseur.